Ces dernières années, une tendance inquiétante s’est dessinée dans le secteur de l’assurance au Canada : des courtiers fantômes, c’est-à-dire des personnes non agréées qui vendent de fausses polices d’assurance ou des polices frauduleuses, s’en prennent à des consommateurs peu méfiants.
Les courtiers fantômes créent des polices d’assurance contrefaites en altérant des polices légitimes ou en vendant des documents falsifiés. Ils ciblent les personnes vulnérables, notamment les nouveaux conducteurs, les automobilistes à haut risque et les gens qui ne connaissent pas bien les processus d’assurance canadiens, comme les nouveaux arrivants au pays. Les victimes de ces escroqueries, qui conduisent leur véhicule sans couverture valide, s’exposent souvent à des risques sur le plan financier.
Le courtage fantôme est un problème croissant partout au pays, selon Debora Hendrickson, directrice générale de l’expérience client et des opérations, Assurance des particuliers et des petites entreprises à NFP.
« Bien que ce stratagème existe depuis longtemps, il a rarement été utilisé par le passé. De nos jours, étant donné que les tarifs d’assurance sont à la hausse, que les gens veulent économiser et que les escrocs ont facilement accès à de nombreuses victimes potentielles sur les médias sociaux, ce type d’escroquerie est devenu beaucoup plus courant. »
Tactiques employées par les courtiers fantômes
Les courtiers fantômes font souvent de la publicité sur les médias sociaux ou d’autres plateformes en ligne, où ils proposent des offres qui semblent trop belles pour être vraies. Ces annonces publicitaires comportent généralement des numéros de téléphone ou des sites Web pour paraître crédibles. Les victimes sont parfois incitées à payer à l’avance (souvent en espèces ou par virement électronique), mais elles ne recevront que de faux documents d’assurance ou des polices truffées de fausses déclarations.
Dans certains cas, les courtiers fantômes se font passer pour des agents d’assurance légitimes en utilisant de fausses raisons sociales ou de faux sites Web pour gagner la confiance de leurs victimes. Ils peuvent aussi manipuler les renseignements sur des polices authentiques pour obtenir des tarifs plus avantageux, laissant l’assuré sans couverture adéquate.
Mme Hendrickson souligne que les personnes qui souscrivent une assurance pour la première fois sont particulièrement vulnérables. « Ces personnes peuvent ne pas comprendre pleinement la couverture dont elles ont besoin ou la marche à suivre pour l’obtenir, ce qui fait d’elles des cibles plus faciles », explique-t-elle.
Le coût élevé de la fraude
Les victimes du courtage fantôme s’exposent à de graves conséquences. Sans assurance valide, les automobilistes risquent de recevoir des amendes élevées, de voir leur permis suspendu et de faire face à d’éventuelles poursuites judiciaires en cas d’accident. Les victimes perdent l’argent qu’elles ont déboursé pour la fausse police en plus de devoir souscrire une police légitime, ce qui alourdit leur fardeau financier.
Dans certains cas, les victimes peuvent même faire l’objet de poursuites pénales si les autorités les soupçonnent d’avoir sciemment participé à une fraude. Souvent, l’escroquerie n’est découverte que lorsqu’une demande d’indemnisation est refusée, que le conducteur se fait arrêter par la police ou que l’assureur informe l’assuré de certaines incohérences dans sa police d’assurance.
Protégez-vous contre les courtiers fantômes
Pour éviter d’être victime de courtiers fantômes, Mme Hendrickson insiste sur l’importance de vérifier l’identité du courtier avec qui vous faites affaire. « Vérifiez si le courtier est agréé auprès de l’organisme de réglementation de votre province », conseille-t-elle. En Ontario, par exemple, les consommateurs peuvent vérifier si un courtier détient un permis valide auprès des Courtiers d’assurances inscrits de l’Ontario (Registered Insurance Brokers of Ontario).
Voici d’autres conseils pour vous protéger :
- Méfiez-vous des offres qui semblent trop belles pour être vraies. Des taux extrêmement bas sont souvent un signal d’alarme.
- Demandez qu’on vous remette des documents de police officiels. Les courtiers légitimes fournissent des documents qui proviennent directement de l’assureur.
- Évitez les transactions en argent comptant. Les courtiers réputés acceptent différents modes de paiement et délivrent des reçus.
- Utilisez des canaux de confiance. Souscrivez une assurance auprès de sociétés de courtage réputées ou d’assureurs approuvés par des associations professionnelles.
Si vous pensez avoir été victime d’une escroquerie, signalez l’incident à votre assureur, à l’organisme de réglementation de votre province ou au Bureau d’assurance du Canada. Sachez aussi que bon nombre des principales compagnies d’assurance disposent d’équipes spécialisées dans la détection des fraudes qui sont chargées d’enquêter sur les activités suspectes.
Initiatives sectorielles et réglementaires
Les groupes sectoriels et les organismes de réglementation, comme le Bureau d’assurance du Canada, s’efforcent de lutter contre le courtage fantôme en menant des campagnes de sensibilisation et en imposant des sanctions plus sévères en cas de fraude. En Alberta, par exemple, le surintendant des assurances a récemment publié un avis mettant en garde les consommateurs contre les risques liés à la souscription d’une assurance automobile auprès de courtiers non agréés.
Mme Hendrickson souligne le rôle crucial de l’industrie dans l’éducation des consommateurs. « Notre travail consiste à fournir de l’information claire dans le domaine de l’assurance et à aider nos clients lorsqu’ils en ont le plus besoin », déclare-t-elle.
En fin de compte, votre meilleure défense contre les courtiers fantômes est de vous informer et de rester sur vos gardes. En prenant le temps de vérifier l’identité des gens avec qui vous faites affaire et en comprenant bien vos options d’assurance, vous pouvez veiller à votre propre protection.
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