Lorsque les gens pensent aux automobilistes présentant un risque élevé, ils s’imaginent souvent des adeptes de sensations fortes qui roulent à grande vitesse ou des personnes ayant subi des accidents ou commis des infractions aux règlements de la circulation. La réalité est toutefois beaucoup plus complexe. Une grande partie des automobilistes présentant un risque élevé au Canada ne sont pas du tout des personnes imprudentes, mais plutôt des personnes éprouvant de la difficulté à composer avec la hausse des primes d’assurance.
Pendant trois années consécutives, près de 10 000 automobilistes au Canada se retrouvent annuellement dans la catégorie de risque élevé pour un non-paiement ou un paiement en retard, et pas pour avoir conduit dangereusement. Ces difficultés financières peuvent mener à la résiliation des polices de ces automobilistes, les plaçant dans la catégorie à risque élevé, et les forçant à payer des primes beaucoup plus élevées lors de la souscription d’une nouvelle police d’assurance.
Sam Pirrera, vice-président de l’Assurance des particuliers à NFP, une société de Aon, explique le problème :
« Le risque élevé n’est pas toujours synonyme d’un grand nombre d’accidents ou d’infractions. Dans plusieurs cas, il s’agit d’une question d’abordabilité. Lorsqu’une personne manque plusieurs paiements, sa police peut être résiliée, ce qui reste dans son dossier pendant trois ans. Cela produit un effet d’entraînement et il devient alors plus difficile pour elle d’obtenir une assurance abordable. »
Les répercussions des primes non payées
Les paiements manqués sont pris au sérieux par les compagnies d’assurance, car ils sont souvent associés à une probabilité plus élevée de réclamations, même pour des problèmes mineurs comme un pare-brise endommagé.
« Le problème n’est pas seulement le paiement manqué, mentionne Carole Reynolds, cheffe d’équipe au sein de la division de l’Assurance des particuliers de NFP. Les assureurs ont relevé une tendance indiquant que les gens qui ne paient pas leurs primes sont statistiquement plus susceptibles de présenter des réclamations, ce qui mène à une augmentation des coûts pour tout le monde. »
La plupart des assureurs tolèrent un maximum de trois paiements manqués au cours d’une période d’assurance avant de résilier la police. Cependant, selon Carole Reynolds, de plus en plus d’assureurs ont réduit ce nombre à deux. Les courtières et courtiers de NFP peuvent trouver des options standard d’assurance pour les personnes ayant eu une police résiliée en raison d’un non-paiement. Toutefois, lorsqu’une police a été résiliée deux ou trois fois, la personne est considérée comme étant à risque élevé, et ses primes d’assurance seront de 35 % à 69 % plus élevées que la moyenne, et peuvent même être, dans certains cas, jusqu’à 84 % plus élevées. Ce fardeau financier pousse des automobilistes à prendre la décision dangereuse de ne pas souscrire une assurance, ce qui se solde par environ 400 000 véhicules non assurés sur les routes de l’Ontario.
Rompre le cycle
Malgré ces défis, des personnes expertes, comme Sam Pirrera et Carole Reynolds, soulignent que de se retrouver dans la catégorie à risque élevé n’est pas une situation permanente. Une éducation et des mesures proactives peuvent aider les automobilistes à se remettre sur pied.
« Une des choses les plus importantes que nous faisons est d’éduquer les automobilistes, mentionne Carole Reynolds. Si une personne éprouve des difficultés à faire ses paiements, nous l’aidons à comprendre les conséquences et nous lui fournissons des outils pour rester sur la bonne voie. Par exemple, l’établissement d’un calendrier de paiements automatiques qui correspond au jour de paie ou à des dates où les fonds sont plus susceptibles d’être disponibles, comme la date du dépôt des prestations gouvernementales, peut vraiment changer les choses. »
Le programme Easyway Insurance Brokers de NFP est conçu pour orienter les automobilistes présentant un risque élevé afin que ces personnes puissent de nouveau bénéficier de primes abordables. « Nous travaillons avec la clientèle pour gérer les problèmes liés aux paiements et éviter les infractions futures, explique Sam Pirrera. Si le problème ne concerne que les paiements, nous pouvons souvent aider ces automobilistes à éventuellement se remettre sur la bonne voie. Toutefois, il est essentiel d’éviter les infractions et les accidents pendant ce temps, car ils ne font qu’aggraver la situation. »
Une assurance abordable commence par des choix judicieux
Pour éviter les pressions financières, Carole Reynolds suggère de prendre des décisions prudentes en matière d’achat et d’assurance de véhicule. « Avant d’acheter une voiture, confirmez que vous avez les moyens de payer l’assurance. Il est parfois plus judicieux de choisir un véhicule plus vieux et moins coûteux. »
De plus, les programmes d’assurance fondés sur l’utilisation peuvent offrir des rabais pour récompenser les bonnes habitudes de conduite. Cependant, comme ces programmes surveillent également les comportements au volant, ils ne conviennent pas à toutes les personnes.
En somme, pour s’attaquer au problème de l’abordabilité de l’assurance automobile, il ne faut pas seulement faire des paiements à temps, il faut aussi créer un système qui fonctionne pour l’ensemble des automobilistes.
Selon Sam Pirrera, « chaque automobiliste doit souscrire une assurance, mais le système actuel ne considère pas toujours dans quelle mesure il peut être difficile de payer les primes. Nous sommes là pour aider la clientèle à surmonter ces obstacles et à retrouver une sécurité financière. »